Spécial Congo

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Interview de M. Anatole Collinet Makosso, Premier Ministre, Chef du Gouvernement du Congo

Interview de M. Anatole Collinet Makosso, Premier Ministre, Chef du Gouvernement du Congo

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Entretien avec Anatole Collinet Makosso, Premier Ministre, Chef du gouvernement, depuis le 12 mai 2021. Reconduit à la tête du gouvernement congolais après les législatives en septembre 2022, il poursuit l’assainissement des finances publiques.

Où en est-on dans la mise en œuvre des 12 batailles, programme d’actions du gouvernement ?

Merci de l’intérêt que vous portez à l’action du Gouvernement de la République du Congo. Le 21 juin 2021, nous avons présenté aux députés, ce que tout le monde appelle par les 12 batailles, le programme d’Action du gouvernement. 12 batailles qui sont un ensemble d’engagements pris pour mettre en œuvre le projet de société du Président de la République qui a été traduit en plan national de développement. Ces engagements sont au nombre de 82. 46 sont considérés comme acquis, 26 sont en cours d’acquisition et 10 ne le sont pas encore simplement parce que nous sommes en train de mettre sur pieds les mécanismes devant nous permettre de lancer leur mise en œuvre. Nous avons prévu 5 ans pour atteindre nos objectifs. Vous comprenez par-là que c’est un processus. Il reste simplement à établir l’impact de tout ce que nous faisons sur la société, sur les populations, et c’est le travail à poursuivre. 

On vous dit attaché à la bonne gouvernance. Quelles sont vos actions contre la corruption ?

Contre la corruption, et donc pour asseoir la bonne gouvernance, nous avons adopté plusieurs textes, comme la constitution pour nous rappeler notre obligation de déclaration de patrimoine par exemple, qui nous impose un certain nombre d’attitudes à observer devant la chose publique.

Nous avons toutes les institutions de contrôle. La cour des comptes et de discipline budgétaire dont la loi en voie d’adoption a été renforcée pour permettre à cette institution de jouer correctement son rôle. Vous avez la commission pour la transparence de la gestion des finances publiques. Vous avez un certain nombre de décrets avec le renforcement de la loi sur la corruption et le décret sur la prévention des conflits d’intérêt. Souvenez-vous, le Congo mon pays a pris un décret en décembre 2022 pour redéfinir les conditions de fonctionnement et d’organisation de la cellule de passation des marchés. Vous avez un décret qui venait d’être pris également en 2022, définissant la liste de contrôles et des inspections afin d’éviter des contrôles abusifs des agents de l’Etat sur les opérateurs privés. A mon avis, nous avons un dispositif textuel important, autant législatif que réglementaire, dispositif qui peut déjà servir d’élément dissuasif et répressif.

Nous pouvons également souligner qu’à partir du 1er janvier 2024, la République du Congo s’arrimera aux meilleurs standards internationaux en matière de gouvernance des finances publiques, à travers la mise en place du budget en mode programme.  Cette nouvelle pratique devrait changer en profondeur la gouvernance publique de notre pays en implémentant un mode de gestion axé sur les résultats, qui sans doute contribuera à rendre plus efficace l’action publique en vue d’améliorer le bien-être des populations.  

Quels types de partenariat souhaitez-vous développer avec le secteur privé ?

Tout d’abord, je suis ravi de constater l’intérêt croissant du secteur privé – et notamment des acteurs internationaux – pour la République du Congo et son économie.  Cet intérêt reflète les efforts considérables que nous avons entrepris pour rendre le Congo plus attractif. Sous l’impulsion du chef de l’État et avec le concours déterminant de l’équipe gouvernementale, nous avons travaillé inlassablement pour créer un environnement favorable aux investissements et pour mettre en place des réformes structurelles essentielles. Nous avons pris des mesures décisives pour améliorer la gouvernance, renforcer la transparence et l’efficacité de nos institutions, et mettre en œuvre des politiques fiscales et économiques responsables. Ces actions ont contribué à renforcer la confiance des acteurs privés et internationaux dans notre pays en tant que destination attrayante pour les investissements. En collaboration avec les parties prenantes concernées, nous avons mis en place un cadre solide pour faciliter les partenariats public-privé et encourager les investissements dans des secteurs stratégiques tels que les infrastructures, l’industrie et l’agriculture. Nous avons travaillé sur des réformes législatives et réglementaires pour simplifier les procédures, accélérer les approbations et garantir une plus grande sécurité juridique pour les investisseurs. Ces efforts ont porté leurs fruits, comme en témoignent les accords de partenariat public-privé que nous avons signés avec des entreprises de renommée internationale telles qu’Abu Dhabi Port et Arise IIP. 

L’accord signé avec Abu Dhabi Port pour l’implantation d’un nouveau quai multimodal au port autonome de Pointe-Noire, représentant un investissement de 500 millions de dollars, témoigne de notre engagement à développer des infrastructures de qualité pour faciliter les échanges commerciaux et renforcer notre position sur la scène internationale.

Le contrat avec le groupement Lusis-Eco Global pour la mobilisation de la taxe foncière sur l’ensemble du territoire national est une étape importante dans la mobilisation de ressources internes. Cela démontre notre volonté de renforcer nos capacités financières pour financer des projets de développement cruciaux.

Enfin, l’arrivée d’Arise IIP au Congo avec des projets de développement de zones économiques spéciales à Pointe-Noire et à Ouesso est une opportunité remarquable. Ces zones économiques spéciales contribueront à diversifier notre économie, créer des emplois et attirer des investissements étrangers, conformément à notre Plan national de développement. 

Un autre partenariat est en cours d’élaboration avec Arise IIP pour la structuration du secteur avicole congolais, dans une optique de réduire nos importations et de mieux répondre à la demande nationale.  

Ces partenariats sont essentiels pour stimuler la croissance économique, mobiliser des ressources et créer des emplois. Ils nous permettent également de profiter de l’expertise du secteur privé, de mobiliser des ressources financières supplémentaires et d’adopter des normes internationales de gouvernance. Dans une vision plus large, les PPP nous offrent l’opportunité de libérer le potentiel économique de notre pays en encourageant des investissements ciblés et durables. C’est pourquoi nous encourageons vivement les acteurs du secteur privé, nationaux et internationaux, à continuer de s’engager dans des partenariats avec le gouvernement congolais. Nous sommes résolus à poursuivre nos efforts et remercions tous ceux qui contribuent à ces initiatives. Ensemble, nous construisons l’avenir de notre nation et œuvrons pour un développement durable et inclusif pour tous.

Quand pensez-vous atteindre les objectifs en matière de réduction de la dette de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ?

Si je comprends bien votre question, il s’agit de respecter l’un des critères de convergence définis au sein de la CEMAC, qui est d’afficher un taux d’endettement public inférieur ou égale à 70% du Produit Intérieur Brut (PIB) ? A ce sujet, aujourd’hui, la gestion de la dette publique congolaise est conduite par la stratégie de la gestion de la dette à moyen terme conformément au règlement n°12/07-UEAC-186-CM-15 du 19 mars 2007, adopté par les pays de la CEMAC. Nous retiendrons, pour vous que, parmi les exigences dudit règlement, il y a l’obligation pour les Etats membres d’élaborer des orientations globales en matière d’emprunt public intérieurs et extérieurs et de gestion de la dette. Ces orientations vont donc permettre de déterminer une stratégie d’endettement public. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’action du gouvernement de répondre au critère de convergence qui consiste à afficher un taux d’endettement public inférieur à 70% du PIB. Dans un contexte économique international difficile lié aux crises sanitaires et de conflits en occident, la république du Congo fait son chemin dans la réduction de sa dette publique, après un pic du taux d’endettement à 116.05% du PIB, soit 8.130.56 milliards de FCFA observé en 2021 et un niveau de 92.5% en 2022.

Aujourd’hui, le cadre budgétaire à moyen terme 2024-2026 présenté par le gouvernement, au mois d’août dernier devant la représentation nationale, montre une trajectoire du taux d’endettement public orienté vers l’atteinte de cet objectif du niveau fixé par la CEMAC. Ainsi, les prévisions pour les années 2023, 2024, 2025 et 2026 du taux d’endettement public affichent respectivement les taux de 98.9%, 92.4%, 82.5% et 73.7%. Vous voyez bien que la tendance du niveau du taux d’endettement public est orientée à la baisse pour les prochaines années et la volonté du gouvernement qu’il soit conforme à norme communautaire et donner au gouvernement des marges de manœuvres budgétaires plus confortables.