Entretien avec Lydie Pongault, Ministre de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs depuis le 24 septembre 2022. Elle occupait auparavant le poste de Conseillère, chef de département de la Culture, des Arts et du Tourisme à la Présidence depuis 2013.
En termes d’action, quelle incidence a le regroupement, au sein du même ministère, de la culture et du tourisme ?
Permettez que je complète la question en évoquant, également, le rapprochement entre la culture et les loisirs. L’action du Gouvernement, à bien des niveaux, connaît un caractère transversal. Mais il apparait évident que certains secteurs complètent les autres, et la culture est nourricière du tourisme et des loisirs. A titre d’illustration, je vous citerais le tourisme mémoriel, qui met le patrimoine au service de la découverte d’un pays par les voyageurs. Que l’on parle de Brazzaville comme ex-Capitale de la France Libre, ville porteuse d’édifices comme le Centre de Formation et de Recherche en Art Dramatique (CFRAD) et la Case de Gaulle, ou de Loango comme lieu de déportation des esclaves pendant la Traite négrière, il ressort la même chose : la mémoire, l’histoire servent le tourisme. Il en est de même pour les arts, autre versant de notre vitalité culturelle. Brazzaville, ville créative de l’Unesco, avec des événements comme le Festival Panafricain de Musique (FESPAM), est une des vitrines du génie africain et suscite la promotion de la destination Congo. Je ne parle pas du tourisme de recherche, qui est un atout supplémentaire. Des chercheurs comme Nicolas Martin-Granel, consacré à l’œuvre d’un de nos plus grands écrivains, Sony Labou Tansi, n’hésitent pas à arriver au Congo, rechercher les manuscrits originaux, recueillir des témoignages et même faire publier des inédits. Fort de ces opportunités, le ministère dont j’ai la charge met au cœur de son orientation stratégique et de sa structuration cette interdépendance entre deux secteurs jadis dissociés. Nous avons un bijou dans les mains.
Quand sera-t-il procédé à la réouverture du musée national et du Centre de recherche et de formation en arts dramatiques (Cfrad) ?
Pour des raisons d’ordre administratif et structurel, nous ne pouvons pas encore communiquer la date exacte de la réouverture du musée national. Quant au CFRAD, l’heure est à la réforme et à la reconstruction. Nous n’en sommes pas encore à l’ouverture des portes.
Quelles opportunités peuvent trouver des investisseurs privés dans le secteur du tourisme au Congo ?
Il convient, avant d’évoquer la question des opportunités, de rappeler un des crédos de Son Excellence Monsieur Denis Sassou Nguesso, Président de la République, Chef de l’Etat. Ce crédo, c’est la paix, avec pour corollaire la quiétude, mais, aussi, un domaine de placements de capitaux. Le développement des infrastructures touristiques, par exemple ; notamment les réceptifs, les équipements nécessaires pour la visualisation des animaux dans les aires protégées en général, et les parcs nationaux en particulier où se pratiquent l’écotourisme, tourisme de prédilection qui s’adapte le mieux aux potentialités de notre pays. L’aménagement des sites touristiques tels que les chutes (la Loufoulakari, Béla, Dimani), les cascades et les nombreuses grottes. La découverte des forêts primaires du Mayombe, du Chaillu, du Nord Congo par la pratique du tourisme d’aventure, de vision et du trekking. La construction des infrastructures et structures liées à l’offre touristique (voies d’accès, réceptifs et autres équipements). La numérisation des activités touristiques (promotion, marketing, commercialisation des produits). L’organisation des évènements à caractère touristique tels que les foires, les salons, le symposium, les festivals, les colloques, les évènements culturels et sportifs. Je peux également citer la formation dans les métiers du tourisme par la création des structures de qualité en vue de l’amélioration des services dans les établissements de tourisme. Et, enfin, le développement du tourisme de congrès avec l’utilisation, par exemple, du centre de conférence international de Kintélé, du Palais des congrès ou des tours jumelles de M’Pila.