Entretien avec Bruno Jean Richard Itoua, Ministre des Hydrocarbures depuis mai 2021, qui est en charge du secteur pétrolier et gazier en lien avec le défi de la transition énergétique. Il a assuré en 2022 la présidence tournante de l’OPEP.
Quels sont les enjeux de la construction du mégacentre de production et de liquéfaction du gaz naturel dont le coup d’envoi a été donné le 25 avril dernier par le Président Denis Sassou Nguesso ?
Le projet en question constitue une avancée économique significative pour la République du Congo, se positionnant dans un secteur du GNL en forte croissance globale. Il est notable que le prix du gaz naturel liquéfié ait connu une augmentation décuplée en l’espace de deux ans. Cette mise en valeur du gaz naturel est destinée à stimuler la croissance économique du pays en générant un nouvel ensemble industriel source de revenus pour le gouvernement. Cette initiative nous équipera également pour satisfaire nos exigences internes en matière d’énergie, en transformant le gaz en électricité. Cette électricité sera cruciale pour soutenir des secteurs tels que les industries minières et forestières, et pour élargir la distribution de gaz domestique, tandis que le gaz pourrait impulser les industries notamment celle prévus dans les zones économiques spéciales et particulièrement la production de fertilisants
De plus, ce projet positionnera la République du Congo parmi les nations exportatrices de GNL, un cercle relativement restreint. Plus précisément, le calendrier prévoit que la production commencera au cours du troisième trimestre de 2023, avec une projection d’exportation de GNL atteignant plus de trois millions de tonnes annuelles (3 MTPA) d’ici fin 2025. La modalité d’exportation se fera via deux unités flottantes de liquéfaction de gaz naturel, ou méthaniers, ayant des capacités respectives de 0,6 MTPA et 2,4 MTPA. Il est à noter que ce dernier méthanier entrera en opération en 2025. Parallèlement à ces actions, des stratégies de développement en haute mer seront déployées, ciblant des champs pétroliers tels que Minsala et Nkala. Ces sites verront des opérations de forage pour de nouveaux puits ainsi que l’établissement d’infrastructures dédiées au traitement, à la liquéfaction et au stockage du gaz.
Souhaitez-vous attirer des investisseurs internationaux notamment dans les activités d’exploitation offshore ?
La dépendance de notre économie, vis-à-vis du pétrole et du gaz, représentant 70% de nos revenus, souligne l’importance vitale d’accroître les investissements dans ce secteur. Ceci est d’autant plus crucial à la suite du ralentissement économique global engendré par la crise de la Covid-19.
À ce jour, nous avons réussi à mobiliser près de dix milliards de dollars américains pour l’industrie pétrolière congolaise. Une hausse des investissements directs étrangers est envisagée pour stimuler l’écosystème industriel du secteur pétrolier. Les retombées immédiates espérées comprennent la création d’emplois, en particulier grâce à la reprise des activités au sein des entreprises de services et de prestations pétrolières, ainsi que dans l’ensemble de la chaîne de services liée à l’exploitation pétrolière. Dans cette perspective, nous œuvrons à élaborer un environnement financier des plus attractifs pour maximiser notre potentiel de production pétrolière. Ainsi, les investisseurs désireux de s’implanter au Congo découvriront des actifs pétroliers prometteurs. En collaboration avec l’État, ils pourront concrétiser des projets offrant des retours financiers attractifs.
Quel est le but de la réforme interne du ministère dont vous avez la charge ?
La structuration d’un ministère est le reflet de la vision que nous souhaitons instaurer, matérialisée par une stratégie qui tient compte des principaux leviers en vue de l’atteinte des objectifs fixés. Face au contexte énergétique actuel et aux défis associés à la valorisation de nos ressources minières, il est devenu impératif d’adopter des méthodes d’analyse, de contrôle et de certification plus linéaires. De ce fait, une réforme en profondeur s’est avérée nécessaire au sein du Ministère des Hydrocarbures. Cette réforme vise à fluidifier la chaîne de commandement pour répondre aux exigences croissantes émanant de l’État.
Par ailleurs, notre mission inclut l’instauration durable d’un pôle d’expertise et de connaissances afin de mieux maîtriser la chaîne de contrôle. Pour ce faire, il nous a semblé essentiel de redéfinir l’organisation du Ministère des Hydrocarbures. Ainsi, nous avons structuré le ministère autour de quatre Directions Générales et d’une Inspection, à savoir :
– Direction Générale Amont Pétrolier ;
– Direction Générale Aval Pétrolier ;
– Direction Générale du Gaz ;
– Direction Générale de l’Économie, de l’Audit
et du Trading ;
– Inspection Générale.