Entretien avec Guy Georges Mbaka, Ministre de l’Economie fluviale et des Voies navigables, depuis le 24 septembre 2022. Ce secteur confronté à des problèmes financiers et infrastructurels devrait s’assainir pour accompagner le développement économique du pays.
Quels sont les principaux défis à relever concernant le transport fluvial au Congo ?
La navigation par voie d’eau en Afrique centrale, d’une façon générale, est le mode de transport de prédilection. En effet, le bassin du Congo dispose d’un important réseau hydrographique par lequel transitent des populations et une gamme variée de produits.
Deuxième du monde après l’Amazonie par son débit, le fleuve Congo constitue un des éléments essentiels du réseau de transport fluvial du pays et forme, par ailleurs, avec l’Oubangui l’axe transéquatorial du réseau fluvial international. Avec ses nombreux affluents, il représente un axe historique de transport et d’échanges économiques pour toute la sous-région, à travers les ports de Kinshasa en République Démocratique du Congo, Bangui en République Centrafricaine, d’une part, Brazzaville, les ports fluviaux secondaires de Ouesso, Mossaka, Impfondo, Ngombe et les points d’accostage de Liranga, Bétou, Boyélé et Makotimpoko en République du Congo, d’autre part.
Le réseau fluvial en République du Congo est très important : près de 5 500 kilomètres de voies navigables dont 2.467 kilomètres de réseau fluvial inter-Etat, composé du fleuve Congo et des rivières Sangha et Oubangui. Ce réseau permet le trafic des passagers et des marchandises entre, d’une part, Brazzaville et Bangui, en République centrafricaine, Brazzaville et Kinshasa, en République Démocratique du Congo et, Brazzaville et la République du Cameroun, à travers le port d’Ouesso, d’autre part.
Pour redynamiser le système de navigation fluviale, les défis à relever sont nombreux. En effet, relancer le transport fluvial au Congo fait partie des principales missions dévolues au ministère de l’économie fluviale et des voies navigables que j’ai la charge d’animer.
Pour y parvenir, un certain nombre d’actions doivent être préalablement entreprises, au rang desquelles :
– assurer l’entretien des voies navigables par les opérations de dragage, de balisage et de dérochement des cours d’eau, en vue de permettre leur navigabilité en toutes saisons ;
– procéder à la réhabilitation des plateformes portuaires existantes et à la construction et l’équipement de nouvelles ;
– acquérir de nouvelles unités flottantes, afin d’accroître l’offre de transport fluvial ;
– créer une nouvelle société de transport fluvial en partenariat public-privé;
– construire un chantier naval moderne.
Ces actions constituent autant de contraintes qui appellent à la nécessité d’initier des partenariats avec des investisseurs disposant d’un savoir-faire avéré.
C’est dans cette optique que des contacts prometteurs ont été noués avec plusieurs partenaires qui ont manifesté leur volonté d’accompagner le Congo dans ses efforts de redynamisation du secteur de l’économie fluviale et des voies navigables, en investissant dans ces projets jugés prioritaires.
Tels sont, succinctement présentés, les défis que le Gouvernement, à travers le ministère de l’économie fluviale, est appelé à relever.
Où en est le projet entre la République du Congo et la République centrafricaine destiné à améliorer la navigation sur le fleuve Oubangui ?
La République du Congo et la République Centrafricaine ont créé, en 2007, un organe d’intégration sous régionale nommé Groupement d’Intérêt Economique pour le Service Commun d’Entretien des Voies Navigables, en abrégé GIE-SCEVN. Cette structure inter-Etats a pour mission le balisage, le dragage, le desnagage, les études hydrographiques et géodésiques. L’objectif poursuivi est d’assurer la sécurité de la navigation fluviale.
Le GIE-SCEVN peine, malheureusement, à maintenir sa capacité technique et opérationnelle, en raison des difficultés rencontrées dans le financement de ses activités.
Par ailleurs, il bénéficie d’un financement de la Banque Mondiale destiné au renforcement de ses capacités, à travers le Projet Régional d’Amélioration des Corridors de Transport Routier et Fluvial en Afrique Centrale (PRACAC).
La ligne raccordant Brazzaville et le Port Oyo est-elle opérationnelle ?
Cette ligne sera bientôt opérationnelle. En effet, une convention de concession a été signée avec un investisseur pour l’exploitation du port d’Oyo. Ce dernier a prévu dans son programme d’activités l’entretien de la rivière Alima, en vue d’en assurer la navigabilité en toutes saisons.
Il est question d’une coopération entre la Chine et le Congo dans le cadre du développement du fleuve Congo. Où en sont les pourparlers ? Et avez-vous initié d’autres coopérations de ce type avec d’autres pays ?
Il n’existe, à ce jour, aucune coopération active avec lo Chine dons le cadre du développement du fleuve Congo. Cependant, un protocole d’accord et un mémorandum ont été signés dans ce cadre avec des partenaires privés chinois, respectivement en avril et septembre 2019.
Les défis étant nombreux, les partenaires étrangers disposés à accompagner l’Etat congolais pour les relever, sont tous les bienvenus.