Spécial Congo

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Congo – Mme Delphine Édith Emmanuel Adouki, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et l’innovation technologique

Congo – Mme Delphine Édith Emmanuel Adouki, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et l’innovation technologique

Congo Ministre Enseignement

Entretien avec Delphine Édith Emmanuel Adouki, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et l’innovation technologique depuis le 15 mai 2021. Titulaire d’un doctorat d’Université en droit public (Paris 1), d’un DEA d’études internationales et d’un DESS en administration internationale, elle a la charge de la formation supérieure de la jeunesse congolaise.

Quels sont les grands axes de la stratégie de la recherche scientifique et de l’innovation pour la période 2022-2026 ?

Tout d’abord, il convient de rappeler que la République du Congo s’est dotée en octobre 2022 d’une Politique Nationale de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (PNRSI), élaborée à partir de l’analyse diagnostique de l’économie congolaise faite dans le cadre du Plan National de Développement (PND) 2022-2026, instrument de mise en œuvre du Projet de société du Président de la République « Ensemble, poursuivons la marche ». La PNRSI définit clairement l’ambition réelle de notre pays de transiter systématiquement vers une économie durable basée sur la connaissance. Elle représente un support d’accompagnement mis à la disposition des décideurs, de l’ensemble des acteurs, de la société civile et des partenaires au développement pour le secteur de la recherche scientifique et de l’innovation technologique.

Pour permettre la mise en œuvre réussie de cette Politique, nous avons validé en décembre de la même année, un instrument opérationnel de Politique en matière de Science, Technologie et Innovation, notamment, la Stratégie et le Plan d’Action de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (SPARSI) de la République du Congo. Cet instrument s’articule autour de six (6) principaux axes stratégiques accompagnés d’un premier plan opérationnel qui couvre la période de 2023 à 2026. Il s’agit d’un plan budgétisé et consolidé sous forme de programmes issus des contributions de l’ensemble des institutions et centres de recherche scientifique, de technologie et d’innovation du pays.

Ces différents axes stratégiques sont :

– Renforcement des capacités institutionnelles : avec l’objectif de rendre notre système national de recherche scientifique et de l’innovation performant et cohérent en s’assurant que les différents acteurs impliqués à travers leurs institutions respectives, interviennent dans l’exécution de la recherche scientifique et l’innovation dans une parfaite interaction entre eux.

– Renforcement de l’offre de connaissances scientifiques et techniques d’utilité publique : La République du Congo entend miser sur une économie basée sur la connaissance pour accompagner la société face aux grands défis auxquels elle est confrontée.

– Renforcement des capacités de l’offre de service : cet axe stratégique dresse notre ambition à devenir un pays compétitif dans la sous-région aussi bien en matière d’innovation que de recherche scientifique. C’est une ambition doit nécessairement passer par notre capacité à offrir le service nécessaire à travers les infrastructures, l’implication du secteur privé, l’amélioration du cadre de la recherche, la protection et la valorisation des résultats et la formation continue des chercheurs.

– Accroissement de la capacité de la demande et de l’adoption de technologie : face à l’évolution rapide du monde de la technologie, il est question à travers cet axe stratégique de construire un rapprochement des technologies avec les décideurs, pour que ces derniers s’engagent davantage dans la création d’un système politique qui met en lumière les besoins technologiques et leur transfert afin de favoriser leur absorption ou usage.

– Promotion de la coopération nationale, internationale et multipartite : Cet axe vise à la dynamisation de la coopération scientifique et technologique de l’État congolais à l’échelle nationale et internationale, aussi avec les pays, les organisations internationales, les organisations non gouvernementales, les organismes et les entreprises privées dont la compétence dans l’une au moins des disciplines scientifiques et technologiques, représente un intérêt majeur pour le pays.

– Renforcement des liens entre l’offre et la demande en matière de recherche et d’innovation : Pour favoriser le développement du secteur industriel face aux besoins en technologie, il est important de favoriser le rapprochement des organismes de recherche (publics et privés) et les industries en levant les barrières ou goulots d’étranglement à la collaboration entre chercheurs, innovateurs, inventeurs et industriels.

Par ailleurs, nous devons souligner deux éléments très importants. D’abord, les six axes stratégiques de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique pour la période de 2023 à 2026 se déclinent en 31 orientations stratégiques dont la mise en œuvre est soutenue par les programmes et projets ainsi que les activités concrètes à réaliser, tous inscrits dans le plan opérationnel que nous avons évoqué précédemment.

Enfin, la SPARSI est dotée d’un mécanisme de suivi et évaluation basée sur la Gestion Axée sur les Résultats (GAR).

Pour l’attractivité des études supérieures, il convient que les formations répondent à la demande des entreprises. Quelle action menez-vous en ce sens ? 

En ce qui concerne l’attractivité des études supérieures, nous sommes effectivement conscients que les formations doivent répondre à la demande des entreprises. C’est dans cette perspective qu’une réflexion sera menée au cours de la 4ème session du Conseil National de l’Enseignement Supérieur (CNES) qui se tiendra les 27, 28 et 29 septembre 2023.

Les principaux axes de réflexion retenus sont, entre autres :

L’adéquation formation-emploi ;

Le Statut National de l’Étudiant Entrepreneur (SNEE) ;

Les besoins du monde du travail ;

L’insertion professionnelle des diplômés.

Et qu’en est–il du Statut National de l’Étudiant Entrepreneur (SNEE) ?

L’entrepreneuriat est une alternative à la réduction du chômage des diplômés face aux difficultés de leur insertion sur le marché du travail et peut apporter de manière générale des solutions aux questions relatives au chômage des jeunes, contribuant ainsi à faciliter leur intégration dans l’environnement socio-économique.

La République du Congo bénéficie de la mise en place d’une expérience pilote pour étudier les possibilités de développement d’un dispositif qui permettra aux étudiants de développer leurs compétences à l’entrepreneuriat et de les rendre acteurs à leur insertion professionnelle à travers le déploiement (Programme Entreprendre de l’AUF) du Statut National de l’Étudiant-Entrepreneur dans 9 pays d’Afrique subsaharienne, Caraïbe et Océan Indien (Congo, Cameroun, Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal, Haïti et Maurice).

Le projet du SNEE sera soumis au Conseil National de l’Enseignement Supérieur pour validation. La volonté ministérielle est affirmée avec une participation directe ayant pour rôle de fédérer toutes les initiatives entreprises autour de l’entrepreneuriat étudiant, de mettre en place un cadre juridique et de mobiliser des acteurs nationaux impliqués dans l’entrepreneuriat.

Où en est la construction de l’Université Inter-Etats Congo-Cameroun, à Mokéko dans le Département de la Sangha ?

En ce qui concerne la construction de l’Université Inter-États Congo-Cameroun, pour la partie congolaise, le travail en amant est suffisamment avancé. En effet, après la signature, le 12 décembre 2012, de la Convention portant création de cette Université, le ministère en charge de l’enseignement supérieur a déjà acquis officiellement dans le district de Mokéko un terrain d’une superficie de 117 hectares 08 ares 59 centiares (soit 1.170.859,95 m2) destiné à la construction de ladite Université.

Actuellement, nous attendons la publication sous peu de l’avis d’appel d’offres relatif à l’attribution des marchés devant porter sur les études et la construction de l’Université par le ministère en charge des grands travaux.

Vous êtes membre fondateur du réseau des juristes francophones de l’environnement, constatez-vous une prise de conscience des étudiants congolais pour l’écologie et un engouement pour les diplômes s’y rattachant ?

Nous avons noté une prise de conscience des étudiants congolais pour l’écologie, car des étudiants finalistes de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et de Foresterie (ENSAF) à l’Université Marien Ngouabi ont mis en place une ONG pour la préservation des écosystèmes aquatiques au Congo.

Aussi un engouement a été constaté pour les diplômes se rattachant à l’écologie, parce que beaucoup d’étudiants s’inscrivent à :

– l’ENSAF en master dans les filières suivantes : gestion de l’environnement et gestion durable des forêts ;

– l’Institut Supérieur des Sciences Géographiques, Environnementales et de l’Aménagement (ISSGEA) à l’Université Denis Sassou Nguesso en licence de l’environnement.